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Marie Noppen de Matteis

Artiste - Peintre

UNE GUEPE DANS LA ROSE...

MARIA de Matteis est déjà connue dans le monde des collectionneurs s'interessant au surréalisme et a déjà exposé en Belgique.

 

Elle le fait présentement encore (Galerie Racines).

Depuis le décès tragique de son mari, diplomate et homme politique belge. elle a developpé dans Ia solitude et Ia méditation, un propos qui n'a rien de mièvre. Ni de conventionnel! (car il y a aussi une convention surréaliste ...).

 

Le fruit qui saigne

 

Cette oeuvre, en effet, allie fort curieusement un humour teinté de cruauté à une élégance de facture qui fait plus aisément admettre cette dénonciation de Ia cruauté des objets . Déplorons que le • noir et blanc " de Ia photo trahisse presque immanquablement, cette peinture toute en nuances délicates, cette peinture sobre qui, bien souvent, se satisfait d'un jeu de nuances sur un seul ton à l'instar d'une variation sur un thème.

 

L'avenir dira certainement que les dessins ont ,

dans !'oeuvre de Maria de Matteis , une importance égale à celle de sa peinture. Volontiers présentés

en " tondo " • leur cadre quadrangulaire enferrnant cette image ronde renforce !'impression (bactériolo­gique ?) d'un microscope braqué sur le Phénomène

à révéler, ou cette autre impression plus indiscrète .

d'une longue-vue violant l'intimité d'une pièce, ou

de Ia touffeur d'une forêt. Curieux spectacles d'ailleurs : chez Maria de Matteis, les seins poussent sur les arbres, en grappes, ou alors, ils sortent d'un. oeuf ...Mais ce thème est, depuis peu, en recul devant un autre: celui des pommes blessées, opérées et pansées par une main de chirurgien ..

 

Il est en Italie, me révèle Maria de Matteis, un jeu de société qui consiste à chercher à la tête des gens, des ressemblances animales ou végétales. Tel est le thème sur lequel elle axe sa série de "portraits de famille", mais la tendresse a parfois sa place dans ce jeu-témoin. Cet églantier fleuri surmontant un torse de jeune fille. Oui, me direz-vous,mais il y a les épines... Bien sûr, et cette notation grinçante est bien dans le ton de l'oeuvre, dans ce propos de n'abstraire jamais la part saumâtre de la vérité.

 

Pour Maria de Matteis, le mystère de l'objet résulte toujours de ce mélange de "part noire" et de "part lumineuse" qui fait la vie elle-même. On l'a rapprochée de Magritte qu'elle se serait, dit-on donné comme maître ? Je vois entre eux une essentielle différence. Chez Magritte, en effet, il y a CONTRASTE entre deux objets appelés à ne jamais se rencontrer et qui, partant, s'annulent réciproquement: la tête humaine annule l'haltère dont elle forme l'une des sphères et réciproquement.

 

Chez Maria de Matteis, il y a un AMALGAME: c'est de la parenté entre deux objets-symboles (l'oeuf et le sein qui en prolonge la forme) que nait la révélation de leurs affinités (la fécondité).

 

Mais une note nouvelle est apparue.: le rouge a fait intrusion dans cette oeuvre, non pas comme valeur-couleur mais comme lumière spécifique d'un nouveau plan du réel - plan tragique, plan qui, vous dit-elle, s'impose presque malgré elle à l'artiste. Plan qu'elle ressent comme une menace, et je me demande si la référence à Shakespeare que fait Claude Spaak dans son introduction, ne s'est pas, elle aussi imposée à lui par la prescience d'une affinité ? Car dans ces toiles comme chez Shakespeare, le burelesque côtoie le drame, la tendresse flirte avec l'aspérité, le bénéfique avec le maléfice - en une synthèse qui a nom Vie...

 

Jacques COLLARD

 

 

 

 

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